La filière suisse

André Hus
Membre du Cercle d’Études Historiques sur la Question Louis XVII

Février 1997

Dans l’hypothèse d’une évasion du Dauphin en juin 1795, il n’y a aucun indice d’une filière suisse mis à part le récit de Naundorff embrouillé par les Naundorffistes eux-mêmes.
Par contre, des personnages révolutionnaires qui ont un rapport avec la Suisse entourent leur présence à la date du 19 janvier 1794. Ces personnages sont tous affiliés à la franc-­maçonnerie, aux mêmes loges ainsi qu’aux mêmes clubs révolutionnaires ou monarchistes. En tant que membre franc-maçon, chacun sait garder un secret sans jamais rien révéler.

Franc-maçonnerie – Loge des 9 sœurs

Chaumette, Hérault des Séchelles Danton. De Seze (avocat de louis XVI).

Autres : Cambacéres est vénérable (franc-maçon). Il réorganisera la franc­maçonnerie après la terreur. Il a été très au courant de l’énigme mais refusera de révéler quoi que ce soit et ses papiers ne seront jamais publiés.

Granet son secrétaire était avec lui franc-maçon et sera impliqué dans la filière d’Auvergne.

Fersen franc-maçon de la Société l’Olympique se faisait acheminer des souvenirs et reliques de la reine de Paris via la Suisse.

Club des Valois : Fersen, Hérault des Séchelles, Petitval (banquier assassiné à Vitry en 1796), Dora Culière, secrétaire de la commune de Paris en 1792-1793.
Accusation de vouloir rétablir la monarchie sous Louis 17 et de renverser la république et exécuté au printemps 1794.

Chaumette, Hébert, Danton, Hérault des Séchelles mais aussi Gobel, évêque constitutionnel de Notre-Dame de Paris, Philibert Simond (conventionnel).

Philibert Simond (conventionnel) : accusé de cette même conspiration dont font l’objet Chaumette et Hébert ainsi que Clotz. Natif de Rumilly (Savoie) ancien prêtre fut envoyé en mission avec Hérault des Séchelles dans le nouveau département du Mont Blanc (Savoie) le 29 novembre 1792 pour organiser ce pays. Nouvelle mission en Savoie le 25 août 1793; il repoussa les troupes piémontaises avec succès. Il rentra à Paris en décembre 1793 (Frimaire An II).

En Ventose An II on arrêta un émigré caché dans la maison d’Hérault des Séchelles. Ce demier et Simond allèrent voir l’émigré en· prison. Ils furent dénoncés et arrêtés. Accusés le 18 Germinal (7 avril) et furent exécutés avec Chaumette et Danton.

Hérault des Séchelles : né à Paris le 20 octobre 1759, guillotiné à Paris le 16 Germinal An Il. II présida la convention le 1er novembre 1792 aprês avoir été élu dans la Seine et Oise et envoyé en mission en Savoie avec Simond. II fit plusieurs voyages avec Dublisson en Suisse pour y conspirer sous le cachet même de la république. II répondit avoir travaillé avec Barthélémy à la neutralité de la Suisse. II fut guillotiné avec les Dantonistes.

Barthélémy : futur membre du directoire avec Barras (en 1793/1794) représentant républicain de la France à Bâle en Suisse.

Le personnage le plus curieux et sans doute celui qui fut la dé de voûte de la filière suisse indirectement fut Gobel.

Gobel : 1727-1794 (Vte de Gobel par G. Lenôtre en annexe du rapport). Évêque de Lyda où il administrait la partie française du diocèse de Bâle. Il fut envoyé aux états généraux par le territoire de Belfort. Il prêta sennent à la constitution civile, consentit avec Talleyrand à sacrer les évêques élus. Évêque de Paris (1791) forcé de se démettre, vint pour cela à la convention avec ses vicaires (novembre 1792). Il se lia alors avec les hébertistes. Arrêté avec Hébert et Chaumette, il fut condamné à mort et exécuté avec eux.
Enfant, Gobel était élève des Jésuites de Porrentruy (Suisse), 22 km de Tramelan. Jeune homme, il fut officiel du diocèse de Bâle et chanoine de la cathédrale et 14 ans évêque de Lyda, vicaire général installé au Palais de Porrentruy.

Roturier parvenu, Gobel aime le luxe et les richesses, il est sans scrupules et fait de très grosses dettes. Pour rembourser ces folles dépenses, il se vend au plus offrant. Il était dépourvu de sens moral selon l’expression du Cardinal Zélada. Il soupait fréquemment avec Chaumette et Clotz.

Danton : il était soupçonné de vouloir fuir en Suisse et a été en relation avec des banquiers suisses. Contact avec Fersen par Jean Deribes. Notons que Danton s’absenta de Paris dés le 12 octobre 1793, veille du procès de Marie Antoinette pour aller sur ses terres d’Arcis sur Aube. Il rentra à Paris vers le 21 novembre 1793. Dans le même temps. Chaumette voyage de Paris à Nevers le 23 septembre 1793.
N’est-ce pas étonnant de constater que la veille du procès de Marie Antoinette, qu’ils savent déjà condamnée, deux chefs révolutionnaires dont la présenœ à Paris est plus qu’indispensable, s’absentant dans le même temps et qu’à leur retour, les rumeurs courent sur leurs comptes d’un rétablissement de Louis XVII sur le trône, ce qui constituera le principal motif de leur exécution au printemps 1794.
Nous pensons sérieusement que, d’une part, Chaumette était parti pour préparer la filière d’évasion vers l’Auvergne et que de son côté Danton négociait à Arcis sur Aube les tractations financières avec Petitval et les banquiers suisses. Rappelons qu’il avait des contacts avec Fersen par l’intermédiaire de Jean Deribes, Fersen achetant les souvenirs royaux via la Suisse. D’où la rumeur accusant Danton de vouloir émigrer en Suisse. Ses relations préparèrent, nous le croyons, la filière suisse de Louis XVII.

Simon Toussain Charbonier : (Cercte d’Études Historique sur la Question Louis XVII, voyage en Auvergne, Cahier Juin 1994, Page 16). Natif de Craponne sur Arzon, est en septembre 1792 avec le cordonnier Simon responsable des travaux d’aménagement du Temple, effectués par Palloy. Il a confié à l’abbé Peyrard qu’il avait participé à l’enlèvement du Dauphin. Selon lui, l’enfant aurait été caché pendant deux ans vers Aspinac puis emmené en Suisse.

Joseph Zangiacomi : (Cahier Louis 17, Octobre 1996). Le Dauphin a été échangé contre un autre enfant au cours d’une nuit de janvier 1794. Le Comité de Sûreté Générale, où était présent Joseph Zangiacomi, en a été avisé deux jours après. Il a aussitôt alerté la police, ce dont on a retrouvé la preuve, mais le Dauphin était déjà en Suisse.

Chaumette : (G. Lenôtre, Louis 17 et l’énigme du Temple). Note mentionnée par Barrère, Chaumette aurait reçu au printemps 1794 une lettre expédiée de Suisse d’un nom très connu l’incitant à préparer la fuite du Dauphin; il serait conduit à Bâle (pour détourner l’attention). Chaumette communiqua le document au Comité de Sûreté Générale.
Cette note de Barrère est très révélatrice, il prouve :

  • Chaumette avait des contacts avec la Suisse.
  • Se sachant soupçonné, le procureur de la commune de Paris révéla le document venu de Suisse pour se disculper aux yeux des comités parce qu’il avait caché le Dauphin en Auvergne.

D’un nom très connu : ce nom est peut-être celui de Barthélémy (futur directeur avec Barras) en poste à Bâle et représentant républicain en Suisse. Barthélémy avait été en relation avec Hérault des Séchelles et Simond en mission dans le nouveau département du Mont Blanc (Savoie).

Indice suisse

Les familles Lée, Leschot et Himely (Carnet Louis XVII, Mai 1996, N° 9)
… Un fait a été rapporté à Mlle Leschot en 1844 (elle avait 10 ans) et qu’elle n’a pas oublié. Elle fit à cette époque la rencontre à La Neuveville d’un vieillard qu’on lui dit être un frère de Sophie Lée, amie de sa grand-mère et qui, serrurier dans sa jeunesse, avait accompagné Frédérique Leschot dans une tentative pour faire évader le Dauphin d’une prison.
… De plus Sophie Lée qui connaissait Madame Jean Frédérique Leschot affirmait que sa sœur Catherine avait été la mère adoptive de Louis 17. Or Marie Catherine Lée était décédée en 1801.
Quoique laisse supposer Sophie Lée, il n’y a jamais eu de lien de parenté entre les Himely et les Lée, notamment Elisabeth Himely, femme Perrin de Tramelan en Suisse et les Lée …

Naundorff Mémento sur la Question Louis 17 (F. Delrosay, Paris, 1912, La légitimité)
Dans ces nouvelles pérégrinations forcées, il (Naundorff) arriva en un pays qu’il désigne sous le nom de terre de la liberté. Cette terre de la liberté n’est autre que la Suisse.
… Là encore, une maison isolée l’abrita : c’était la ferme de M. Ma Himely à la Praye, entre la Neuveville et Nods, tout près de la principauté prussienne de Neuchâtel. Le Dauphin y resta caché plus ou moins longtemps, nous ne savons au juste à quelle date. (Témoignage de Marie Leschot, publié en 1900 confirmé par la tradition locale qu’ont recueilli MM. les pasteurs de Neuveville et de Pesseux).

Page 245
Fin 1832. Début 1833. Naundorff se retira en Suisse à Genéve puis à Berne avant de venir en France. Allait-il chercher les pièces concernant sa véritable identité? C’est probable.

Abrégé des infortunes du Dauphin Londres 1836
Après son évasion, je restais seul avec Madame (suisse-allemande) qui ne me quittait pas et me soigna avec la plus touchante affection. Dès que je fus rétabli, elle s’occupa de m’instruire dans la langue allemande afin que je pûsse passer plus facilement pour son fils. Elle était née en Suisse.

Louis XVII-Naundorff et la Radiethésie

Madame Lidy …. habite les environs de Montréal et travaille, lorsque les circonstances l’exigent, avec les autorités policières pour élucider des crimes inexpliqués au moyen de la “radiesthésie”, science plus ou moins reconnue officiellement dans le monde entier.

A l’aide d’un pendule dans une main et d’un témoin (photographie ou objet divers de la personne recherchée), elle réussit toujours avec succès à localiser la personne ou l’objet perdu en se servant de cartes géographiques.

En février 1997, j’ai eu le bonheur de la consulter. Les résultats furent étonnants de précision. Je lui avais confié une carte de la Suisse sur laquelle elle repéra les lieux où Louis XVII avait séjourné. A chaque lieu repéré, des questions précises sont posées au pendule qui répond par oui ou par non en tournant d’un sens ou d’un sens inverse selon des formules et des méthodes bien établies. Le pendule indiqua entre autres que Naundorff était bien Louis XVII, qu’il avait changé plusieurs fois d’identité, que Fersen était son vrai pére.

Les lieux indiqués sont les suivants : Tramelan, La Praye (près de La Neuveville), Bémont, La Theure, Porrentruy Sud, Cerlatez Sud, St-Dizier L’évêque, Frontière Suisse, Territoire de Belfort.

  • Tramelan ouest : Louis XVII Naundorff y séjourna vers l’âge de 30 ans.
  • A deux km au sud des Cerlatez : lieu appelé Finage de Cerlatez. Dans une ferme en ruine (sous la terre actuellement), Louis 17 y aurait caché des papiers et des objets dans une caisse en planches de bois. L’endroit est une sorte de caveau à fourrage pour les animaux.
  • Bémont : lieu où Louis XVII a subi de la violence (tentative de meurtre), il a réussi à fuir.
  • A 2 km au sud de Petitjean, là se groupèrent des personnes, agents ou espions, lieu de passage pour la filière suisse.
  • A 2 km au nord de Bois derrière : lieu appelé “Le Pau de Fer”. Le Dauphin vécut là un moment, il eut une fille dont le prénom commence par R (à consonance italienne) correspondant d’une part au prénom d’une parente de la mère et d’autre part au prénom d’une grand-mère (ou apparenté) du côté de Louis 16.
  • Dans cette région de Bois derrière, existe une histoire écrite et orale au sujet de Louis 17 et de sa fille. Le nom de cette fille commence par L mais c’est un nom d’emprunt pour éviter des ennuis à Louis XVII, ce n’est ni Léa ni Leschot.
  • A 1 km/1 km 500 au sud ouest du Moulin des Seignes se trouve un terrain acheté par Louis 17 pour sa fille (comme il avait fait en Auvergne pour son fils Blaise Chaumette).
  • A 1 km au nord de La Theurre : Louis 17 fut malade 5 mois et passa sa convalescence dans une cabane isolée. C’est à la même époque qu’il alla cacher des papiers et objets au finage des Cerlatez à 6 km 500 m de cette cabane de la Theurre.
  • Près d’un cours d’eau Porrentruy Sud au nord du Village de Fontenais : Louis 17 fut de passage pour cause de maladie.
  • Saint-Dizier l’Évêque, ville française, à la frontière suisse, territoire de Belfort à 10 km au nord-ouest de Porrentruy, “Le presbytère de Saint-Dizier l’Évêque” : cet endroit m’avait déjà été signalé par le radiesthésiste intemational résidant à Montréal, Elie Lellu (juin 1995). Louis 17 y fut caché quelques temps mais aussi les fameux registres de la prison du Temple volés à Paris par un ecclésiastique et qui transitèrent là avant d’aller en Suisse à la Praye où ils furent partiellement détruits. Recopiés par d’autres religieux. des copies existent mais seraient dispersées dans des monastères suisses dont dépendait la paroisse de Saint-Dizier l’Évêque.
  • La Praye. Prés de La Neuveville (Suisse), Louis 17 y séjouma vers l’âge de 12 ans. Le couple de fermiers qui s’occupait de fui reçurent l’ordre de détruire les registres du Temple et de les jeter dans le lac; un ecclésiastique donna cet ordre, mais on ne sait qui (serait-ce Cambacéres qui avait été prieur avant la Révolution? Ce n’est pas impossible).

 

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